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3 janvier 2021

Episode 16 - Plastique fantastique

Seizième question : "Vous avez vu sa photo ?" 
Voyez plutôt... et retrouvez les autres contributions à l'atelier FEUILLETON proposé par AnnickSB, PAR ICI !


Episode 16 - Plastique fantastique

-- Gare de Caen, quai G --
Dans le ciel normand tricolore, l’accueil criard des mouettes venues se taper un gueuleton en ville, ce même bruit qui, d’ordinaire, la comblait d’aise quand, foulant à nouveau le sol caennais de son enfance, elle l’entendait ricocher d'ardoise en zinc et de grès en craie, cela n’eut cependant aucun effet sur l’humeur sombre et inquiète du major Zounia Ben Lemna.

“Pas folle, la guêpe !” se disait la jeune major de la Crim’, pour se motiver.
La bonne demi-journée qui avait échappé à sa conscience était tout, sauf une illusion. Bien au contraire, pour sûr ! C’était, sans aucun doute, la signature de quelque service secret. De l’Etat ? De l’Europe ? Va savoir…
Mais du grand banditisme, non. Elle serait plutôt déjà morte, allons !
Tout cela ne pouvait avoir qu’une et une seule origine : sa récente recherche sur le (p)ark au sujet de l’obscur commandant William Tolhurst.
Pas la peine de chercher - pas de suite ! de quelle autorité dépendait le service qui avait opéré, sur elle, un puissant lavage de cerveau.
Partiel, cependant, le lavage. Juste de quoi faire passer aux oubliettes les quelques heures qui manquaient à sa vigilance. Peu de psychotropes pouvaient produire cet effet. Rien qui ne se trouvât en pharmacie, pour le coup… et pour le coût !
La conclusion qui s’imposait se résumait à cette interjection qui lui était déjà venue au cours de son trajet depuis Paris et qu’elle réitéra pour elle-même : “Roooh, mais ça pue grave, ça !”

Avisant une poubelle en bordure du quai G, Zounia se saisit de l'un de ses deux téléphones prépayés et lui asséna un franc coup de talon pour s’emparer de sa puce. Une fois les débris de l’appareil jetés dans la poubelle, Zounia, la puce en main, s’approcha d’une famille de vacanciers (à en juger par leur allure enjouée et leurs bagages étiquetés ‘Haute-loire’).
Débarrassée de ladite puce, Zounia prit le temps de réfléchir au déroulé de ses prochaines heures dans la capitale normande, où le soleil vacillant à l'ouest repeignait les façades bourgeoises d'or espagnol.

Quelques instants plus tard, attablée en terrasse de l’une des brasseries qui bordaient l’esplanade, sur sa rive opposée à la gare de Caen, Zounia se rassurait devant un pichet de blanc. Elle ouvrit son micro et chaussa ses lunettes high-tech.
“Parce que ça ! Oui, ça ! Personne ne pourra le piéger. Hein, mon Dee ?”
Et Zounia pénétra dans la ‘Virtu des (p)arkas’.

“- ‘llo, guys ! It’s me, (p)ark-Zee. Um back, see ? Let’s have a check, please*.”

-- Quelque part dans Paris, dans une salle high-tech en pleine effervescence --
“- On y est chef. Ben Lemna vient de débarquer à Caen.
“- Parfait… Parfait, parfait… Vous ne me la perdez surtout pas de vue, hein ? Pas d’un iota, hein ?
“- Bien évidemment, chef.
“- Bien évidemment !  Bien évidemment ! Non, mais vous avez vu sa photo ?!
“- Sa photo, chef ?
“- Sa plastique, son profil, son gabarit ! C’est le genre de cliente qui en connaît un rayon sur la filature. Sans parler des moyens dont elle dispose pour nous glisser d’entre les doigts.
“- Ben, nous aussi, on en a des moyens, chef. Le drone est en place. Ses téléphones sont mouchés, tout comme ses lunettes et son micro. Alors, si…”
D’un geste, le supérieur de l’agent rivé à son poste aux appareils sophistiqués lui intima le silence, avant de se répéter, susurrant un souffle sibérien :
“- Si vous la perdez, c’est vous qui ne serez pas une grosse perte pour ce service. C’est compris ?
“- Cinq sur cinq, chef.”
Et l’agent zélé, mais proche de fondre comme un iceberg égaré sous les tropiques, reprit consciencieusement sa tâche de pisteur. Il s’équipa, lui aussi, de lunettes connectées pour accéder, depuis son poste, à la ‘Virtu’ de Zounia.

-- Peu avant, mais pas tant. Quelque ailleurs, très autre part --
Daryll Fourtin, soit-disant "Dee", ce lisant “D.Ǝ.E. - pour De-əvolution Ǝvents Enhancer**”, membre fondateur de “Las (p)arkas”, mais naguère Cadet comme son amie Zee était inquiet. Pour elle. Depuis le coup de fil qu’elle lui avait adressé, Zounia était, d’un coup, devenue invisible.
“Invisible n’est pas illisible, Zee ! s'encouragea le jeune hacker.”

Dee trépida, deux heures durant, sur son clavier aux lettres effacées, les yeux fouillant frénétiquement les données défilant à l’écran de son Quickbook, rebidouillé façon geek.
“ Je t’ai, ma belle ! s’exclama-t-il soudain.”
Le tel mobile qui leur servait de lien (derrière un paravent toujours aléatoire) avait borné gare Saint-Lazare à son appel. Puis il s’en était déplacé. Mais pas loin. Pas bien loin, non. Juste en-dessous, en fait !
“Sans être détruit ?... Ben, nan. Pas bon, ça, songea-t-il.”

Dee comprit aussitôt que Zounia avait été tracée par l’un ou l’autre des services de l’Etat qui s'intéressaient “forcément !” à elle, dès lors, “quelle conne !”, qu’elle avait replongé dans le darkweb (qui l’était de moins en moins). Tout ça pour… ? “Ben, voyons ! Le commandant Tolhurst. La burne, quoi.”
La burne… pour piste cramée (burned-trail).

Sinon, au sujet du vieux con, ça allait plutôt bien, pour Dee. Les données avaient été grossièrement numérisées. “Du flan !”
C’est lui qui avait facilité l’accès de Zoun’ aux données “connues” (en tout cas, toujours accessibles sur le darknet - le (p)ark n’oubliait jamais rien !) relatant bien plus que le CV du commandant Tolhurst. Ses échanges avec Mme Grangier, allers et retours, demeuraient indélébiles, eux aussi. Notamment ceux concernant la naissance de Sophro’.

N’était le projet d’Ann-So (qu’il estimait autant pour sa plastique de femme “bien conservée”, que pour sa pensée, “superbement révolutionnaire !”), ni Dee, ni son groupe dissident, n’auraient accordé quelque attention à l’autre vieux croûton. A son meurtre, oui; à son passé, non. Gallois, d’accord. Mais bien collusé avec la Couronne, le type. “Quand même !”

“Alors, quoi ? se dit-il, les doigts en suspens au-dessus de son clavier aveugle. Attendre encore un peu. “Ils” vont la libérer pour me tracer. Les cons  !”

Dee opta plutôt pour un autre impératif : contacter son groupe et les prévenir du retour, très prochain, de leur chère (p)arkZee, dans leur Ville-Lumière et son univers virtuel. Puis il activa un vieux portail, conçu par lui, dont il espérait que Zee s’en servirait pour échapper à ses poursuivants. Et le rejoindre.

Et peut-être les rejoindre… 

 

pol21-f3_Cyber-Control

*(“- Salut, les gars ! C’est moi, (p)ark-Zee.
Suis d’ retour, ‘oyez ? Faisons le point, siouplé.”)
** Promoteur d'événements pour la désévolution

***
>à suivre<
___

[précédent]


Pour embrasser le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


pin_tiniak-draw1

Il s'agit là d'une nouvelle et fort émoustillante stimulation à produire du récit que nous propose AnnickSB, sur son Atelier en question(S)...

J'y réponds volontiers, car l'exercice, consiste à réaliser un feuilleton au fur et à mesure de questions (im)posées, prévalant, l'une après l'autre, à chacun des chapitres; cela me pousse à sortir de ma "zone de confort" (mes poLèmes) pour explorer davantage ma "prose à hics".
Je prends un plaisir fou à écrire ce feuilleton.
J'espère qu'il rencontrera votre plaisir de lire.

 

 

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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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(manifeste poLétique

Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

...le fleuve débitant sa musique immuable...

...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

...le balcon dégarni par un soudain hiver...

...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

...me déflorant, tu m'aimes...

...et t'effeuillant, je sème...

...rien n'est plus indicible…

 

poLétiquement pris de fièvre inassouvie

...je te crie sur mon bras...

...tu t'écris sous mon pas...

...nous sommes l'Un Possible...

 

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