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3 janvier 2021

Episode 15 - Bouge de là, Zounia !

Quinzième question : "Êtes-vous sûre d’y arriver ?" 
Voyez plutôt... et retrouvez les autres contributions à l'atelier FEUILLETON proposé par AnnickSB, PAR ICI !


Episode 15 - Bouge de là, Zounia !

-- Quelque part, à Paris peut-être --

Dans la pièce qui lui tenait lieu de cellule,  Zounia Ben Lemna se sentait perdue, à bien des points de vue. Tout lui avait été retiré ou presque de sa tenue, de sa besace, son micro, ses mobiles (l’officiel et les autres), ses papiers, ses lunettes high-tech, de ses lacets, sa ceinture, ses chouchous, jusqu’à ses faux-ongles, pourtant discrets et courts…
Un bon peu de sa fierté, aussi, au passage.
“On” avait certainement dû palper jusqu’à ses sous-vêtements, songea la jeune femme, qui se réjouissait cependant de porter une de ses brassières et non un soutien-gorge, qui lui eût été ôté ! “Ouate zeu fuque, manne !?”
Pas moyen de savoir quelle heure il était, rien ne l’indiquait dans la pièce sans fenêtre. En revanche, Zounia percevait de temps à autre une vibration qui lui semblait venir à la fois du sol et du plafond, mais alternativement. A la réflexion, cela lui suggéra qu’il s’agissait possiblement du réseau ferroviaire souterrain. Du métropolitain… ?

Zounia se motivait en sollicitant ses ressources cérébrales.
Qui aurait pu anticiper qu’elle se rendrait gare Saint Lazare ? Personne. Objectivement, personne. Donc : “On” l’avait filée d’une manière ou d’une autre.
“Et puis quoi ?...”
Qui s’inquiétait de ses recherches sur le (p)ark ?
“A moinsse…, se dit-elle.”
A moins que le sujet central ne fût Sir William, en réalité.
Pas elle-même, du coup. Pas elle en tant que telle (notamment : “agente de la Crim’, hein ? Les cons… Pas comme si… 'Oyez ? Cherchez votre mule ailleurs, sales fouineurs bien planqués !”).
Pas pour ça, mais pour sa recherche dans le vaste (p)ark, dans la zone sensible qu’elle avait tâtée du doigt en fouinant dans le passé du lord gallois. 
“Voui, bon… Mais pour quelle part, de ce passé ? La militaire ou l’intime ? Celle du commandant Tolhurst ou celle de l’amant de Mme Grangier ? Celle du commando d’élite ou celle du père véritable de Sophronyme ?... Grangier ! Pas Trucmuche ! se torturait l’enquêteuse.”

Zounia se rendit soudain compte qu’elle avait faim.
Or, elle s’était rendue gare Saint Lazare, ce matin, bien avant l’heure du déjeuner. Pour prendre l’intercité de 12h56, en direction de Cherbourg avec Caen pour première escale.
Et Zounia connaissait fort bien son estomac. Sauter un repas ne l’eût pas incommodée outre mesure. Mais à l’approche du suivant, la faim s’y serait tôt faite sentir. Et elle n’avait rien mangé de bien consistant, la veille au soir et très peu au petit-déjeuner.
“Donc ?... Pas bon pour réfléchir, tout ça, grommela-t-elle à voix haute, sans voisinage propice pour lui opposer une réplique constructive, inespérée et plus qu’improbable venant des ‘junk-dogs’ qui la retenaient là.”

Ce gargouillement dans son ventre. Serait-ce donc le signal de la fin de l’après-midi ? De la soirée qui s’avance ? De la drogue ? Car “On” l’avait sûrement droguée .
"Suis-je si loin de la gare Saint Lazare, finalement ? se demanda-t-elle.”
Et surtout, qui pouvait bien s’inquiéter de sa disparition si elle était encore toute fraîche ? Personne ? Sauf...
Mais oui, Dee ! “Oh, Dee !”
Lui aura tout compris, “nan ?”
Il l’aura ‘tracée’, bien sûr... “nan ?”

Parce que Robert… Il ne pigera pas ce qu’il se passait, avant (“trop”) longtemps.

“This is not wah y’ think it is! ...It's worse!”
Zounia se remémorait les paroles d’un vieux tube que Dee affectionnait tout particulièrement. A leurs moments “pas perdus pour tout l’ monde” disait-il alors… A leurs moments de répit, pris à surfer sur le (p)ark, dans un recoin du gymnase de la caserne où ils faisaient leurs premières armes de Cadets de la République. Elle “venait d’avoirrl dix-houit angs”. Lui, la vingtaine déjà entamée.

Les prémices de la réflexion qui l’avait portée à se joindre à la lutte souterraine que menaient Dee et ses potes sur le (p)ark, revenaient à l’esprit de Zounia.

La nature et le fondement de leur lutte commune contre “ce foutu capitalisme virulent et sans contrainte” (martelait Dee), elle, Zounia, la petite banlieusarde, partie de rien pour arriver là où elle en était, pensait à présent comprendre pourquoi...
Pourquoi s’interroger, refuser, lutter !
C’est qu’elle savait - et Ô combien (pour avoir été stagiaire à la BEFTI) ! que ce qui était répréhensible pour la plupart des gens, en particulier les moins recommandables, mais aussi pour le commun des mortels, ne l’était plus quand on frayait dans les sphères élitistes où se côtoient, bon gré mal gré, les influenceurs de la pire espèce et ceux ayant mandat étatique, diplomatique ou supra économique… L’ Espèce Autorisée. Pas l’autorité…

Pour preuve, la situation dans laquelle Zounia se trouvait à présent. Coincée ! Sans égard pour son statut de citoyenne française. Fonctionnaire assermentée de l’Etat, de surcroît. Traitée comme… un agent de terreur.

-- Quelque part ailleurs, mais pas bien loin --
“- Du coup, on fait quoi, chef ? dit l’agent défait de la veste de son coûteux costume qui le gênait dans l’endroit surchauffé.
“- On la zappe. Elle ne lâchera rien. Mieux vaut lui filer le train.
“- Protocole 12 ? demanda l’agent.
“- Protocole 12, confirma son supérieur.”

-- Paris, gare Saint Lazare, quai 24 --
“- Mademoiselle… Mademoiselle… Vous vous sentez bien ?”
Zounia Ben Lemna émergea de sa torpeur et fut aussitôt frappée de stupeur à se trouver où elle était : avachie, cuisses ouvertes et la bave aux lèvres, sur le siège de seconde classe d’un train intercité au départ de Paris Saint Lazare, un contrôleur de la SNCF penché sur elle.
“- Qu’elle heure est-il ? demanda-t-elle à brûle-pourpoint, le sang battant à sa tempe comme un ampli de rave-party.
“- 18h42, mademoiselle. Nous sommes sur le départ. Vous vous sentez bien, c’est sûr ? répondit l’agent qui ne devait pas avoir dépassé ses vingt ans depuis des lustres.”

Zounia Ben Lemna, encore confuse, tâta les flancs de sa parka (“tel 1, ok; tel 2, ok”), vit l’étui de son cher micro posé sur le siège à côté d’elle côté couloir (“Zouzou, ok”). Elle porta la main sur sa hanche droite (“badge, ok”). Se rendant compte que le jeune homme attendait une réponse, la jeune femme opina du chef et déclara :
“- Tout va bien, merci monsieur. J’ai dû m’assoupir, excusez-moi.
“- Puis-je voir votre billet, s’il-vous-plaît ?”
Inquiétude massacrante ! Elle n’avait pas pris de billet, "si ?"
Voyant son embarras, l’agent SNCF lui montra le dossier du siège devant elle.
“- Vous l’avez glissé là, mademoiselle, dans le filet, dit-il.”
L’agent pointait en effet un billet neuf, scintillant devant ses yeux.
Zounia voulut tendre la main vers lui, mais celle-ci, engourdie, retomba sur son genou.
“- Êtes-vous sûre d’y arriver, mademoiselle ? s’enquit l’employé zélé. Si vous le souhaitez je peux… ”

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Piquée au vif, Zounia attrapa, pour le regarder d’abord, le silicone estampillé SNCF, dûment composté, validé à son nom pour un trajet Paris-Cherbourg. Billet sans réservation, à valoir donc sur n’importe quel trajet, mais sans échange ni remboursement possibles. Puis, tentant de faire bonne figure, elle le présenta au contrôleur qui le scanna et lui souhaita bon voyage avant de poursuivre son office.
“18h42 !?!... 18h42 ! Oh, mais ça pue grave, ça !” pensa Zounia, troublée.

Le lieutenant Merle, comme son cher Dee, lui avaient adressé des messages d'inquiétude. Demeurés sans réponse, bien sûr. Donc, l'un et l'autre se tenaient en alerte. A priori... 
"Allez, élément positif; on va dire" songea Zouina, avec un pressant besoin de dormir.

Le voyage n’y suffit pas. Malgré un somme réparateur, elle n’avait à présent aucun souvenir, autre que de se pointer gare Saint Lazare, peu avant midi, pour rejoindre Dee dans la soirée. Dee qu’elle avait appelé, ça, elle en était sûre.

Mais après ?
“Mékenj’. La Hej’ !” explosa-t-elle dans le secret de son marasme intérieur.
Son train entrait en gare de Caen.

***
>à suivre<
___

[précédent]


Pour embrasser le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


pin_tiniak-draw1

Il s'agit là d'une nouvelle et fort émoustillante stimulation à produire du récit que nous propose AnnickSB, sur son Atelier en question(S)...

J'y réponds volontiers, car l'exercice, consiste à réaliser un feuilleton au fur et à mesure de questions (im)posées, prévalant, l'une après l'autre, à chacun des chapitres; cela me pousse à sortir de ma "zone de confort" (mes poLèmes) pour explorer davantage ma "prose à hics".
Je prends un plaisir fou à écrire ce feuilleton.
J'espère qu'il rencontrera votre plaisir de lire.

 

 

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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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(manifeste poLétique

Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

...le fleuve débitant sa musique immuable...

...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

...le balcon dégarni par un soudain hiver...

...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

...me déflorant, tu m'aimes...

...et t'effeuillant, je sème...

...rien n'est plus indicible…

 

poLétiquement pris de fièvre inassouvie

...je te crie sur mon bras...

...tu t'écris sous mon pas...

...nous sommes l'Un Possible...

 

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