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6 octobre 2021

Buisson Adam, lycéen

La vie secrèt' des écrivains
par kyrielles, dans tous ses plis
plis aux scènes des rachidiens
pliques sièges de maladies...

Sans prendre ombrage des cris vains
(gargarismes de malapris)
invective ou aboi de chiens
n'inquiètent en rien ses écrits

Du cri primal au souffle éteint
du caillou jusqu'à la fourmi
elle inspire cet écrivain
qui sommeille en nos appétits

Inquiet de la réaction de M. Radpoil, l'élève debout sur l'estrade plonge son regard dans les entrelacs de ses chaussures boueuses. C'est qu'à présent, il aimerait autant ne pas avoir à affronter le regard de ses camarades de classe. D'autant que le silence se fait pesant, tandis que M. Radpoil relit le texte de son cru dont il tient la copie en main et sous le feu trouble de ses demi-lunes.
"- Fort bien. Fort bien, déclare enfin le vieil enseignant avec un enthousiasme aussi modéré que sentencieux. Le sujet est respecté en tout point, sur le fond, du moins. Mais, pour ce qui relève de la forme, je vous avais expressément fait commande d'un acrostiche. Or, il ne m'apparaît pas que cela soit le cas. Pouvez-vous m'en donner une explication, élève Buisson ?"

Le lycéen, sans lever le nez, obtempère et dit en manière d'explication :
"- Ben, c'est bien un acrostiche, monsieur, ose affirmer l'élève Buisson, masquant sa bravade sous son air contrit. Il se lit à l'initiale de chaque strophe, monsieur."

L'enseignant, connu pour sa passion rigoriste à l'égard de la langue de Molière, baisse à nouveau les yeux sur la copie du jeune homme, puis s'étonne :
"- Vous dites ?... Attendez... La-Sans-Du ? Pardon, mais c'est particulièrement abscons, élève Buisson.
"- Pas le premier mot, monsieur, la première lettre; l'initiale, quoi, fait remarquer sur le même ton, l'effronté qui jubile intérieurement."
" - L-S-D... L-S-D... Non, je ne vois pas."

La plupart de la classe ne peut alors contenir un soudain gloussement moqueur.
Mais M. Radpoil de poursuivre, interloqué, comme entré en lui-même :
"- Non, je ne vois pas... Toujours pas... 'Comprends pas..."

filigrane_La vie secrète des écrivains-MUSSO

Sauvé par le gong, l'élève Buisson quitte l'estrade. Tandis que le vieil enseignant délivre à la ronde le rappel des consignes pour le prochain cours, le lycéen attrape ses affaires de classe et se joint à ses camarades, pour profiter avec eux d'un bon quart de récréation, dans la cour battue par les vents de l'automne.

Il se retrouve bientôt, flanqué de ses trois collègues favoris, sous l'horloge rivée à l'angle du bâtiment de l'intendance.
"- On est d'accord, les gars ? C'est ce soir qu'on lui fend la gueule à cette satanée horloge..."
Le groupe acquiesce d'un air entendu, avant de passer les grilles du lycée pour regagner leur quartier caennais, d'entre tous leur favori : la Demi-Lune.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour l'atelier d'octobre 2021, proposé par 'Filigrane', autour de ce visuel et la reprise du titre de Guillaume MUSSO : La vie secrète des écrivains.

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Commentaires
B
Quand l'instituteur nous appelait sur l'estrade nous n'en menions pas large...
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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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(manifeste poLétique

Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

...le fleuve débitant sa musique immuable...

...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

...le balcon dégarni par un soudain hiver...

...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

...me déflorant, tu m'aimes...

...et t'effeuillant, je sème...

...rien n'est plus indicible…

 

poLétiquement pris de fièvre inassouvie

...je te crie sur mon bras...

...tu t'écris sous mon pas...

...nous sommes l'Un Possible...

 

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