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2 janvier 2021

Episode 25 - L'audition d'Art'so

Vingt-cinquième question : Quand avez-vous appris ce dialecte ?  
Voyez plutôt... et retrouvez les autres contributions à l'atelier FEUILLETON proposé par AnnickSB, PAR ICI !


--Commissariat du IIème arr. Bureau du chef Varlotta.--

“- Reprenons, si vous le voulez bien, M. Zafi Andriamisaina, annonça le commissaire Henri Varlotta. Donc, en résumé, ce soir-là, M. Grangier et vous-même espériez la venue d’une ou plusieurs des personnes que vous soupçonnez de fomenter une sorte de complot au sein du groupe Grangier & Baumann. Raison pour laquelle, vous me dites avoir donné congé à la quasi totalité du personnel, ce même jour. Et pourquoi donc avoir pris de telles dispositions,  M. Zafi Andriamisaina ? Par besoin de discrétion, peut-être ? Une extrême discrétion, dites donc.”

Le majordome malgache s’était préparé à cette question. C’est donc sans se départir de son allure affable et décontractée qu’il répondit à Varlotta :
“- Voyez-vous, commissaire, dans le problème qui se pose à M. Grangier et son groupe, où des membres du directoire sont manifestement impliqués, il lui fallait s’assurer que rien ni aucune personne extérieure à l’affaire ne viennent… Comment diriez-vous ?... Ne viennent polluer son champ d’investigation.
“- Il doutait de son propre personnel ? s’enquit Varlotta.
“- Prudence est mère de sûreté, commissaire, répondit Art’so. Voyez-vous ? Un mail, émis en préalable à la rencontre, conviait toute personne membre du directoire à venir exprimer à M. Grangier, sans la pression formelle due à la tenue du comité, ses griefs les plus sérieux à l’encontre des nouvelles orientations qu’il a décidé de mettre en œuvre et qui doivent être incessamment mises au vote, donc validées, pour sûr. Or, pour dire les choses brièvement, il était clair que cette invite ne pouvait motiver que les membres les plus singulièrement opposés à ce nouveau projet de société. Et, là encore, pour simplifier, il ne pouvait s’agir que de la frange la plus conservatrice du groupe. Soit, historiquement, les partisans du clan Baumann.

Varlotta faisait mine de compulser ses notes.
“- Un projet de société ? Rien moins ? souligna Varlotta.”
Le Malagache demeurait imperturbable.
“- Vous savez très bien ce que je veux dire, commissaire.
“- Peut-être pas, non. Sans doute pas même. Mais passons et venons-en à l’arrivée de Lord Tolhurst. Arrivée inattendue. Je dirais même incongrue, non ? poursuivit le chef des enquêteurs de la Deuxième Brigade Criminelle.
“- Tout à fait inopinée, en effet, commissaire, convint le majordome. D’autant que nous ne saurons jamais le fin mot de ce qui la motivait.
“- Oui, ça aussi, c’est bien dommage, opina Varlotta.
“- Pardon, commissaire… Vous avez dit ‘ça aussi’. Comment cela… ‘aussi’ ?
“- Eh bien, mais parce que le meurtre de Sir William est en soi une chose dommageable et que ne pas savoir la raison de sa venue, ce soir-là, en est une autre.
“- Oui. Bien sûr. Vous avez raison, admit le Malgache.”

Varlotta temporisa de nouveau en faisant mine de parcourir un dossier, ses demi-lunes penchées sur les feuillets.
“- Donc… dit Varlotta sans relever le nez de ses notes, vous accueillez Sir William au deuxième étage, dans le salon de la bibliothèque située sur le flanc gauche de l’hôtel Grangier, n’est-ce pas exact ?
“- Pas tout à fait, commissaire, précisa Arivertso. Ce n’est pas moi qui ai accueilli Sir William, mais M. Grangier. A ce moment, j’étais en cuisine.
“- Ah, oui ? feignit de s’étonner Varlotta. Et pour quel motif, je vous prie ?
“- Pour m’assurer de la bonne tenue des préparatifs pour la soirée. Comme nous ne savions pas avec exactitude combien de “convives” nous devrions sustenter, je venais vérifier les différentes formules que nous serions en mesure de proposer. Gestion de frigos… De personnel mobilisable et jusqu’à quand. Ce genre de choses. Vous voyez ?
“- Ah ouiche… C’est du boulot. C’est du boulot, j’imagine, fit le commissaire, toujours le nez dans ses notes. Mais alors, expliquez-moi, un peu : pourquoi une réception au deuxième étage, d’une part ? Et dans un salon plutôt réduit, d’autre part ?
“- Le premier étage est dédié à l’accueil des personnes ayant trait aux diverses activités sociales du groupe. L’étage y est compartimenté selon les domaines développés à travers le monde par Grangier & Baumann. L’accès y est très réglementé. Rien de ce qui n’a été préalablement décidé en comité de direction ne peut y avoir lieu. Hormis ce que seul M. Grangier peut vouloir y consulter ou avoir à faire.
“- Ah, tiens ? Pas même vous ? harponna le fin limier de la crim’.”

Pour la première fois, Art’so manifesta quelque incommodité. Il prit le temps de formuler sa réponse, le regard de Varlotta de nouveau braqué sur lui.
“- C’est arrivé, oui. Soph… M. Grangier m’a parfois sollicité, pour avis, et convié auprès de lui, au premier étage. Mais en de très… très rares occasions. Que vous m’autoriserez, je l’espère, à garder confidentielles. Je vous l’ai dit. C’est un étage dédié aux seules affaires du groupe.”

Varlotta jubilait intérieurement. Il l’avait donc pressenti à juste titre : le Malgache exerçait bien plus que sa fonction de majordome auprès de Sophronyme Grangier.
“- Les affaires reprennent, dit-il presque malgré lui.
“- Pardon, commissaire ? fit le Malgache, sincèrement interloqué.
“- Laissez… Laissez… C’est une de mes expressions fétiches. Toute personnelle, M. Zafi Andriamisaina, s’excusa Varlotta. Loin de moi l’idée d’insulter la noble intelligence contenue dans votre patronyme.”
Le majordome ne cacha pas sa surprise et s'exclama :
“- Ah, ça alors ! Vous connaissez le malagache, commissaire ? À quelle occasion avez-vous appris ce dialecte ?”
“- Je me suis surtout intéressé à sa… nomenclature, répondit Varlotta, expéditif.”

Dans l’échange qui suivit, ils revinrent sur les circonstances de la découverte de Sir William agonisant dans le petit salon du deuxième.
Qui se trouvait où ? Qui avait touché quoi ? Qui avait appelé les secours ? Qu’avaient-ils fait en attendant ?…

“- Et puis… Varlotta, marqua volontairement un temps d’arrêt dans son élocution. Que s’est-il donc passé en cuisine, pour que vous y entraîniez votre patron alors qu’il conversait avec un Lord gallois, proche de la famille, qui plus est ? Si j’en crois les éléments recueillis par mon équipe. Voudriez-vous bien m’éclairer à ce sujet M. Zafi Andriamisaina ?”

Ferré ! Art’so débita au commissaire une explication qui ne tiendrait que peu de temps. Car, dans peu de temps, il le savait, le pugnace inspecteur-chef aurait procédé aux vérifications d’usage. Et on en viendrait bientôt à la découverte de la mort du chien, empoisonné de la même façon que Sir William, mais trois étages plus bas, dans le local de dégustation des liqueurs et alcools de l’hôtel Grangier.

Mettant fin à l’audition, Varlotta raccompagna le majordome à la porte de son bureau. En lui serrant la main, il lança une dernière pique :
“- Au revoir, M. Zafi Andriamisaina, dit-il. J’imagine que vous aurez fort à faire avec tout ce chambardement sur les places boursières, depuis ce matin.”

Art’so le releva : le commissaire avait appuyé le ‘vous’ dans son assertion.
Le Malgache y entendit qu’une nouvelle menace s’approchait de “leurs” intérêts.

Déambulant vers les Grands Boulevards, Arivertso fredonnait de nouveau…

Ah ! Vous dirais-je, maman
ce qui cause mon tourment

Un policier me questionne
Manqu’rait plus qu’il me sermonne

Moi, je dis que c’est navrant
J’en ai plus que mon content


art_malgache1

***

>à suivre<
___

[précédent]


Pour embrasser tout le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

 

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Commentaires
E
Un super texte.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci
Répondre
B
la prudence s'impose....
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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

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...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

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