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19 mai 2022

Episode 52 - Bonsoirs, mais à quelle sauce ?

Cinquante-deuxième commande proposée par l'Atelier en question(s) :
"L'avez-vous joué à pile ou face ?" ;

Voyez plutôt... (allez ! vous avez bien cinq à dix minutes, chrono en main) 😎 


Vintage stories : " Bonsoirs, mais à quelle sauce ? "


-- Paris, Hôtel Grangier, mi-avril ‘98 --
Anne-Sophie Grangier referma derrière elle la porte de sa chambre et se posta devant la celle de l’ascenseur desservant les appartements et les salons privés de son hôtel. Son mari, Karl Baumann, lui avait fait savoir qu’il était de retour à Paris et qu’il souhaitait dîner avec elle. Anne-Sophie allait donc le rejoindre dans leur salle à manger du rez-de-chaussée.
Comme l’ascenseur s’arrêtait sur le palier donnant sur les cuisines, la maîtresse de maison décida de s’y rendre, de prime abord; certes, afin de saluer chaleureusement son personnel, mais aussi pour y prendre un avant-goût parfumé de ce qui serait servi, ce soir.

Après avoir gratifié chacune et chacun de son petit mot gentil, Anne-Sophie vint se tenir dans le dos de sa cuisinière en chef, l’imposante Amalia.
La femme, courtaude fortement charpentée, était originiaire de Serbie, mais elle était née ici, à Paris où elle avait grandi avec ses parents, eux-mêmes au service de la famille Grangier, comme le furent les leurs…
“N’y songez même pas, madame, ordonna, sans se retourner, la cuisinière occupée à soutenir l'onctuosité d’une sauce. Gardez vos doigts loin de ma sauce, voulez-vous ? Bonsoir, madame.”
Anne-Sophie eut un petit rire complice qui fut suivi d’un léger grognement de frustration.
“- Oh, mais ! plantée telle que vous l’êtes devant votre casserole, il ne me serait pas venu à l’idée d’y risquer même une phalange. Bonsoir, Amalia. N’empêche… Mmh, ça sent rudement bon, cette affaire, s’enthousiasma Anne-Sophie. Monsieur est-il déjà attablé ? s’enquit-elle ensuite auprès de la forteresse en blouse et tablier.
“- Non, pas encore, répondit Amalia. Il est dans le salon gris avec son secrétaire. Autour d’un verre de cognac, très certainement.
“- Merci du renseignement, chère Amalia, dit Anne-Sophie.”
Puis elle devisa encore un instant avec sa cuisinière au sujet du menu en cours. Après quoi, elle contourna les fourneaux pour rejoindre son époux dans le salon gris, prélude à la salle à manger dont les fenêtres du fond donnaient sur la cour intérieure de l’hôtel.

Sans quitter son fauteuil cossu, un Almond en cuir clair, Karl Baumann accueillit sa femme d’un hochement de tête et l’enjoignit de prendre place dans le carré où Rutger, le secrétaire (mais pas que…), était déjà installé, faisant rouler un cognac dans sa paume.
“- Vous voici enfin, ma chère, l’aborda mollement le prussien. Votre séjour fut-il bénéfique ? Bien sûr qu’il le fut, n’est-ce pas ? puisque c’est une œuvre bénévole, poursuivit-il avec une pointe de lascive ironie.
“- Bonsoir, Karl. Bonsoir, Rutger, répliqua la jeune femme sans relever la pique. Je suppose que votre séjour en Italie n’a pas été moins fructueux; bien que nous ne goûtions pas les mêmes fruits, à l’évidence, se contenta-t-elle d’ironiser en retour, prenant place sur la courte banquette scandinave de toile grise où elle avait ses habitudes. Une revue d'éco y traînait encore sur l’accoudoir opposé.
“- Allons droit au but, voulez-vous ? Vous m’avez annoncé être enceinte de… Combien déjà ? demanda Karl.
“- Bientôt quatre mois, Karl. Rappelez-vous mon séjour en clinique, en janvier dernier, lui précisa Anne-Sophie.
“- Mais bien sûr, mais bien sûr, mentit le prussien ne souhaitant rien lâcher de son attitude fière. Et donc ? De quel sexe est ce… cet… ?
“- C’est un garçon, affirma la jeune mère. Vous en serez content, j’imagine.
“- Tout à fait, tout à fait, évacua le géniteur contraint. Mais comment pouvez-vous en être sûre ? Je veux dire : ce n’est pas comme si vous l’aviez joué à pile ou face, mais un peu quand même, n’est-ce pas ?
“- L’échographie, Karl. L’échographie ! Imparable outil pour se nourrir de certitude, réaffirma l’héritière Grangier.
“- Tout à fait, tout à fait, répéta Karl Baumann. Et donc, vous êtes également sûre qu’il…
“- Karl, je ne vous permets pas ! s’indigna Anne-Sophie. Bien évidemment qu’il provient des échantillons que vous avez fécondés !”
Karl grimaça. Puis, perdant dès lors un peu de sa superbe, il prit le parti de se lever en déclarant, sur le ton presque enjoué d’un hôte à un dîner d’affaires :
“Eh bien, fêtons cet heureux événement en faisant bonne chère, voulez-vous ?”
Rutger se leva également, vint adresser ses félicitations à l’épouse de son patron et lui tendit la main pour qu’elle se lève à son tour. Anne-Sophie, feignant de n’avoir pas prêté attention à son geste, s’extirpa elle-même de sa chère banquette et claironna :
“Je vais vous ré-ga-ler !”

casserolle à sauce

>la suite<

___

[précédent]


Pour embrasser tout le fil du feuilleton.


tiniak ©2022 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Le feuilleton développe à présent sa DEUXIÈME PARTIE
Intitulée 
"vintage stories", elle opère un retour sur les motivations des personnages, principalement autour de celles qui conduiront Anne-Sophie Grangier, mère du personnage central, à convaincre Sophronyme de renverser le modèle mondial dominant. 

Le principe de publication demeure le même; il répond aux questions hebdomadaires posées par l'Atelier en question(s), proposé par AnnickSB (que je ne remercierai jamais assez pour cette intiative).

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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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(manifeste poLétique

Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

...le fleuve débitant sa musique immuable...

...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

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...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

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poLétiquement pris de fièvre inassouvie

...je te crie sur mon bras...

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