cure au compte-goutte
L'heure est chagrine et son crachin
me turlupine
un brin
Je suis sorti faire mon tour
(disciplinaire et versatile)
éprouver au dehors mon style
et rentrer te faire la cour
Ô Fantômette
avec ce que je fais de toi, encore en tête
Et voici mon Fleuve Chéri
(qui s'en fout bien, lui, de la pluie)
et pas de Chien qu'On y promène
(malgré ce temps, c'est bien ma veine !)
y vais de mon pas délictueux
(et sans doute un peu imbécile)
implorer sa rive des yeux
(mon cœur demeurant si fragile...)
et ça rise à tout vat, dessus
(non sans souligner ma venue)
Il bruine;
sur la chaussée moirée, chacun, baissant le nez
fait grise mine
(et, oui : un peu comme à l'usine)
Ah ! te voici, ma Peine Sourde
Plaise à ces ris qu'ils m'ouvrent, toutes, leurs esgourdes
que mon plain-chant
puisse y verser sa pleine gourde de tourment
L'Île Enchantée s'étale en amont de ce cours
mais je n'ai pas le goût d'y faire aucun séjour
car j'aime trop l'idée de livrer mes langueurs
vers l'aval où la vague absorbera mes pleurs
(sauf à trahir le célibat où j'ai mon lit
et tomber ensemble - à gémir ! avec Autrui
je sais combien "...il n'y a pas de Youkali" !)
Oh, Fantômette ! reste bien hors de ma vue
car te voir signifie que je ne rêve plus
Mon confident, mon favori, mon Fleuve Lent
goûterait peu de se priver de ces élans
que mon allure lui prodigue, au goutte-à-goutte
d'un pas fébrile et obstiné, coûte que coûte
car c'est ainsi, de Bir-Hakeim jusqu'au Coudray
que je me lave, un temps, de mon air dégoûté
tiniak ©2022 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
librement inspiré d'un visuel de Laurence Délis, "Voyage XXX".