Prises de taire
(narration asexuée, à dessein... animé)
Le jour, comme à regret, se tenait, accoudé, au rebord acajou du petit secrétaire. Fatiguée, sa lumière semblait s'être oubliée, dans une longue pause.
Il fallait que l'on cause...
Toi, devant tes papiers, moi, qui m'installe en face, sans avoir espéré qu'au bout l'on se rencontre, à l'endroit singulier où nos chemins se trouvent, après bien des années mises entre parenthèses. L'heure veut que je me taise; sans craindre que j'éprouve ni colère larvée, ni peine de guerre lasse, enfin tu te racontes...
Je suis le fruit, dis-tu, d'une passion totale et cependant discrète, comme il fut entendu; quand ma venue ne pût être tenue secrète. La chose était courue : avant que l'on dégoise, la morale bourgeoise y mit son coup d'arrêt.
Il n'était pas question de songer recourir aux œuvres défendues d'une faiseuse d'anges. On confia donc mes langes à ceux que je connus pour être ma famille, tout au long, sinueux, de mon chemin de vie. J'ai su m'y épanouir, mais sans jamais vraiment pouvoir me départir d'un sentiment étrange...
Puis me vint ce billet d'étude notariale. Mes parents décédés, on m'appelait chez toi. L'insigne acte de foi demeurant laconique, j'ai souscris à l'invite, n'y voyant aucun mal et par curiosité.
"L'endroit vaut le détour" ai-je seulement pensé : une commanderie en plein pays mauresque, tu parles d'un prétexte !
Autant dire, à présent, la surprise abyssale où fond mon épiderme, à t'entendre narrer cette histoire en spirales, arrivant à son terme, au mitan de la nuit, pleurant ma Normandie sur ton dais provençal.
(...Oupa ! Oupa !)
tiniak ©2022 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Pour un défi d'Evy #340, sur le thème du "Chemin de vie", avec les mots imposés (dont je souligne mes familiers) : Rencontrer, Installer, Jour, Regretter, Épanouir, Étrange, Oublier, Espérer, Craindre, Arrêter...