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2 janvier 2021

Episode 36 - Vides salutaires (1/3)

Trente-sixième question posée par l'Atelier en question(s) :
"Etait-ce un bon millésime ?" 

Voyez plutôt...


Vintage stories : " Vides salutaires (1/3)  - Ça pique un peu ! "


--Baumann's Ort - Ancienne Villa Siemens, Potsdam, mars 1998.-- 
Le gravier cessa de crisser quand la Panhard 1936 s’immobilisa devant le perron de la résidence Baumann, installée, depuis les sombres années de la Seconde Guerre Mondiale, dans le domaine de l’ancienne Villa Siemens, à Potsdam.
Karl Baumann se tenait là, emmitouflé dans sa fourrure épaisse, attendant qu’on lui ouvrît la portière pour prendre place dans le rutilant véhicule, pièce unique produite à l'âge d'or des usines Panhard & Levassor. Le riche entrepreneur prussien, dont le patrimoine industriel, mal vieillissant, avait été sauvé par un mariage avantageux, ne paraissait nullement jouir de cette situation. Au contraire, il arborait la moue dépitée des hommes blasés auxquels la vie ne demandait jamais de fournir aucun effort véritable.

Sur la première banquette arrière, adossée au chauffeur, étaient assis Rutger, le secrétaire particulier de Karl Baumann et Fabrizio, son cousin de Florence. Celui-ci l’accueillit en brandissant un magnum de champagne déjà fort entamé.
“- Ah, te voilà enfin, mon vieux clou de grigou teutonique ! s’exclama Fabrizio, avec un entrain sincère, que renforçait un état de griserie avancé. Vois, père nous a gratifiés de quelques douceurs pour le voyage. Celui-ci touche à sa fin, mais il en reste une caisse dans la malle.”
S’affalant lourdement sur la seconde banquette, sans toutefois quitter son manteau, Karl repoussa l’invitation avec un semblant d’agacement dans le poignet :
“- Serait-ce un excellent millésime, répliqua-t-il - ce dont je créditerai volontiers les largesses de mon cher Alessio, ton noble père... eh bien, je n’en voudrais pas, pour l’heure. Mais fais donc à ta guise, Fabrizio mio; pour ma part, j’ai à m’entretenir avant toute chose de quelque affaire d’importance avec Rutger.”
Comme le secrétaire empoignait une serviette bombée de documents, Baumann lança, à l’adresse du chauffeur :
“- Weiter fahren, Kurt. Erst wollen wir nach Frankfurt.*
“- Ecco... Nach Frankfurt, Kurt !* s'esclaffa le jeune dandy cherchant à couvrir l'amertume qui l'avait saisi quand, à son enthousiasme juvénile, avait répondu la froide morgue de Karl. Bien qu'il parût plus jeune encore, Fabrizio approchait la vingtaine. Or, à ce titre, il savait ne bientôt plus devoir mériter les faveurs charnelles (et subséquemment pécuniaires) de son "vieux" cousin, lequel affichait un peu plus du double de son âge.”

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*”- En avant, Kurt. Première étape : Francfort.”
"- C'est ça... A Frankfurt, Kurt !"

--Quelque part en France, sur une rive océane-- 
Ayant décidé d’employer les quelques jours de congé obtenus pour aménager son transfert vers la deuxième brigade criminelle, Henri Varlotta les consacra à accueillir le major Robert Merle dans sa maison familiale, dressée en front de mer, sur la côte atlantique des Pays de Loire. Durement affecté par la mort violente de son binôme, tué par balle et sous ses yeux, le sous-officier s’était engagé sur une pente glissante, indigne et avilissante à laquelle Varlotta comptait bien l’arracher.

De toute son équipe du Quai, Robert Merle était le sous-officier favori du chef-enquêteur, lui-même fin limier, reconnu tant pour ses talents que pour sa probité, depuis bien des années, dans les rangs de la police nationale. Ce fut sous ses ordres, déjà, que le brigadier prometteur avait acquis ses galons de major. Désormais promu commissaire, Varlotta ferait valoir, pour premier acte d’autorité, le rattachement du major Merle à sa brigade. Fallait-il encore que celui-ci fût passablement acceptable en faisant montre d’une réelle motivation, étayée par une immanquable démarche de soins qui vienne à bout de sa subite, mais sévère addiction à l’alcool et aux drogues dures.
Ce séjour, à l’écart de l’agitation parisienne et du regard de ses pairs, devait poser les jalons sur lesquels appuyer solidement la rémission du major Merle. Varlotta y était résolu.

Afin de compenser le nécessaire sevrage physique par une activité requérant de mobiliser un large spectre de capacités cérébrales, Varlotta emportait, dans ses bagages, un dossier sensible dont il ne doutait pas que le sujet saurait piquer la curiosité de son officier subalterne. Robert Merle avait ceci de particulier, parmi ses indéniables aptitudes à exercer ses fonctions de police, d’avoir la faculté de dénicher, dans les recoins incongrus des rapports d’enquête, le ou les éléments permettant de réorienter le traitement d’une affaire selon un angle singulier, très souvent propre à contribuer - si ce n’est à la mener, à sa résolution.

Sauver l'élève-enquêteur Merle de lui-même servait donc, pour partie, les intérêts du commissaire; mais c'était davantage par pure amitié pour Robert que Varlotta vouait à cette entreprise son attention pleine et entière.

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>la suite<
___

[précédent]


Pour embrasser tout le fil du feuilleton.


tiniak ©2022 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


Le feuilleton développe à présent sa DEUXIÈME PARTIE
Intitulée 
"vintage stories", elle opère un retour sur les motivations des personnages, principalement autour de celles d'Anne-Sophie Grangier, mère du personnage central : Sophronyme. 

Le principe de publication demeure le même; il répond aux questions hebdomadaires posées par l'Atelier en question(s), proposé par AnnickSB (que je ne remercierai jamais assez pour cette intiative).

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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

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...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

...le balcon dégarni par un soudain hiver...

...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

...me déflorant, tu m'aimes...

...et t'effeuillant, je sème...

...rien n'est plus indicible…

 

poLétiquement pris de fièvre inassouvie

...je te crie sur mon bras...

...tu t'écris sous mon pas...

...nous sommes l'Un Possible...

 

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