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2 janvier 2021

Episode 34 - Prises de position

Trente-quatrième question posée par l'Atelier en question(s) :
"Vous l'avez terminé en combien de temps ?" 

Voyez plutôt...


Vintage stories : " Prises de position "


--Mars '98, camp des forces spéciales britanniques basées au sud de la Turquie--
“- Mon commandant ?... 
“- Oui, lieuten’... Ah oui, non, merde ! ...Oui, Sergent Puttnam ?”
Commandant les unités détachées de la 3ème Brigade du Royal Marine auprès de la frontière turco-iraquienne, William Edern Tolhurst ne pouvait se résoudre à la récente dégradation, par l'État-Major britannique, d’un de ses meilleurs éléments commando. “Alors qu’il avait vu juste, le bougre !” avait plaidé l’officier gallois devant le Conseil de guerre… Le village que le commando avait investi selon ses ordres, le mois dernier, était assurément un nid de guêpes terroristes. Durant cet engagement, les pertes déplorées dans les rangs de l’armée de Sa Majesté en témoignèrent cruellement, hélas. “Bordel !” s’exclama l’officier indigné - interjection que le Gallois garda évidemment pour lui.

Tolhurst, rendant à présent son salut à son officier subalterne, le mit au repos, puis engagea le débrief :
“- Où en est-on, alors… Sergent ?
“- C’est bon. C’est fait, mon commandant. Proprement nettoyé, affirmait à son supérieur le combattant qui exhalait avec force les âpres relents attestant des combats menés ces tout derniers jours.”
Cette nouvelle était inespérée. La même mission, tentée naguère, avait cette fois été couronnée de succès. Elle se déroula toutefois dans un autre village-refuge des mêmes combattants irakiens (qui plus ou moins mercenaire, qui plus ou moins terroriste) dénichés précédemment… Non sans difficultés, qui eurent, entre autres conséquences, d'être soldées par un triste bilan : trois commandos avaient été mis à terre et hors de combat, dont l’un d’eux pour toujours.
Cette fois-ci, les deux unités rentraient quasi indemnes de l’embuscade, brillamment orchestrée par le lieutenant dégradé, auquel Tolhurst avait tenu à confier de nouveau la conduite de l’assaut.

Après de viriles, mais brèves accolades, le commandant indiqua à son fidèle subalterne et ses comparses, où passer le chiffon sur cette mission et quoi mettre en valeur, dans le but d’établir un rapport établi selon “la mise” (pour être dûment archivé).
“- A vos ordres, sir, obtempéra le sergent. Le temps de quitter mon battle dress et je m’y colle dans la foulée.”
Tolhurst se félicita intérieurement d’avoir soutenu cette précieuse recrue. Sans lui mettre plus de pression, il demanda tout de même à son zélé sous-off’ :
“- Vous pensez l’avoir terminé dans combien de temps ?
“- Je vous soumettrai mon rapport dans l'heure qui suit le pot au mess, lui assura Puttnam.
- Voilà qui est parfait, sergent, le gratifia-t-il en retour.”

Puis, leur ayant à tous renouvelé ses félicitations, le commandant Tolhurst renvoya les combattants dans leurs quartiers pour un repos salutaire.

S’octroyant par la suite quelques pas en dehors de sa tente, malgré le vent piquant qui agitait les tentes glacées de Camp North, l’officier de Sa Majesté alluma une cigarette.
Une ombre bien connue se faufilait vers lui, tête baissée.

L’instant d’après, le Gallois caressait le front du tout jeune Arivertso qui levait vers lui un regard à la fois grave et souriant.
“- Bonsoir, Orreevadge, l’accueillit, en français, le britannique incapable de se familiariser avec ce prénom qu’il jugeait particulièrement tordu; sa prononciation étant très éloignée de son écriture occidentale.
“- Bonsoir, commandant, répliqua le garçon.
“- Aurais-tu quelque message de notre chère Hermeline à me livrer, ce soir ? s'enquit l’officier.
“- En quelque sorte, oui, Sir, répondit Arivertso. Madame vous demande de la rejoindre au plus vite, dès ce soir, ou de lui faire savoir quand cela vous sera plus aisé. Mais, elle a bien insisté à ce propos : il y a urgence.”
L’officier britannique marqua un temps d’arrêt.

Leurs entrevues avec Anne-Sophie étaient savamment planifiées, ayant pour jour pivot, le jeudi soir. Or, on était un mercredi. Une journée marquée au sceau de l’effervescence pour Anne-Sophie, qui s’attachait d’ordinaire à classer et renseigner ses dossiers en souffrance, puisque s’ajoutaient aux “sortants” ceux des “entrants”.
Tolhurst consulta l’heure à son poignet.
Impossible de manquer le mess où le retour de mission de ses fidèles commandos serait fêté. Il calcula… octroyer un répit à son sergent pour qu’il ne lui remette son rapport de mission que le lendemain à midi faisait partie de ce calcul. Il l’en informerait durant le pot prévu au mess…
“- C’est d’accord, petit, affirma-t-il au garçon qui patientait sans sourciller. Je me rendrai chez Hermeline d’ici deux heures, maximum.
“- Alright, Sir, conclut Arivertso en adressant un salut militaire américain à l’officier britannique. Maîtresse sera bien contente que vous accédiez si vite à sa requête, j’en suis sûr.
“- OK, gamin, sourit Tolhurst. Merci pour ta fidèle discrétion, boy. T’es vraiment un fichu drôle d’olibrius. Allez, file !”

Fort de la certitude que le commandant rejoindrait bientôt sa maîtresse, le jeune Arivertso souriait aux étoiles cristallines égrenées dans le profond ciel nocturne. Peu lui importaient le vent glacial et les sables durs qu’il charriait, l’entourant de toute part, lui mordant les paupières, s’insinuant dans ses narines au point de le faire éternuer par séquences répétées, tout le long de son chemin de retour.

En ce
 frileux soir de la mi-mars, le garçon en était sûr : Willian Edern Tolhurst, malgré ses titres de noblesse galloise et ses décorations méritoires, ne sera pas à la hauteur de sa chère Anne-Sophie !
Lui, du haut de ses dix ans, s’appelait Hermès et traversait la Perse… 

Dans le secret de la courte lande désertique qui séparait Camp Nord du campement des soldats britanniques, le garçon hurla tel un coyote de Western hollywoodien, en frappant sa poitrine comme il l’avait vu faire un certain Johnny Weissmuller, dans le rôle épique d’un vieux Tarzan, tourné en noir et blanc. Un film projeté sur la toile poussiéreuse du cinéma de plein air qu’offrait le quartier français de Camp Nord à quiconque appartenait à cette zone, même les proches villageois - et pour pas un rond ! les jeudis et samedis soirs.

hermes-dieu-grec-ancien (1)
Quand il eut passé son nez évasé d’abord, puis sa tête jusque ras derrière les oreilles, à travers la fente à l’entrée de la tente d’Anne-Sophie (qui lui tournait le dos, affairée qu'elle était au traitement de ses dossiers), le garçon sifflota un air convenu.
Sa maîtresse lui fit prestement face, le regard criant d’interrogation fébrile. Ce à quoi le gamin répondit sans attendre :
“- Dans deux heures, tout au plus, Maîtresse, annonça-t-il avec concision.
“- Oh, merci. Merci, mon cher, mon précieux Arivetso, répliqua Anne-Sophie, luttant à peine pour contenir son émotion. Rentre vite, maintenant. Il est déjà tard. Je ne voudrais pas que tes parents…
“- …Ils dorment très sûrement, à cette heure, Maîtresse, l’interrompit la bouille grassouillette du garçon, coincée, comme suspendue sans corps, dans l’embrasure de la tente. Bonne nuit, Maîtresse. Soyez sage, ajouta-t-il en disparaissant tel un djinn.”

hermes-dieu-grec-ancien (2)

 

>la suite<
___

[précédent]


Pour embrasser tout le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


Le feuilleton développe à présent sa DEUXIÈME PARTIE
Intitulée 
"vintage stories", elle opère un retour sur les motivations des personnages, principalement autour de celles d'Anne-Sophie Grangier, mère du personnage central : Sophronyme. 

Le principe de publication demeure le même; il répond aux questions hebdomadaires posées par l'Atelier en question(s), proposé par AnnickSB (que je ne remercierai jamais assez pour cette intiative).

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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

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poLétiquement pris de fièvre inassouvie

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