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2 janvier 2021

Episode 32 - Postures

Le feuilleton développe à présent sa DEUXIÈME PARTIE
Intitulée 
"vintage stories", elle opère un retour sur les motivations des personnages, principalement autour de celles d'Anne-Sophie Grangier, mère du personnage central : Sophronyme. 

Le principe de publication demeure le même; il répond aux questions hebdomadaires posées par l'Atelier en question(s), proposé par AnnickSB (que je ne remercierai jamais assez pour cette intiative).

Trente-deuxième question : "Avez-vous pu refaire votre passeport ?"
Voyez-plutôt...


Vintage stories : " Postures "


--Frontière turco-irakienne, le 18 mars 1998, au matin--
Dès 1997, pour soulager quelque peu sa mission humanitaire au Moyen-Orient, Anne-Sophie Grangier s’était entourée des services d’une partie de son personnel, acquis au service de son hôtel parisien, sur les Grands Boulevards : M. et Mme Zafi Andriamisaina et leur fils de dix ans, Arivetso (qui se prononce “Arivedj” et signifie “Celui Qui Inspire par La Sagesse De L’Ancien”).
Le garçon, charmant, vif et dévoué, était rapidement devenu complice de la relation adultérine que sa maîtresse entama alors avec un officier britannique. Il jouait principalement le rôle de “navette”, passant des messages de l’un à l’autre des amants. Mais, à la grande surprise d’Anne-Sophie, Arivetso lui prodiguait souvent des conseils qui, à la réflexion, lui avaient paru immanquablement frappés à l’aune du plus simple bon sens.
“Oui… de la sagesse, même” si disait-elle fréquemment.

En ce frais matin du 18 mars 1998, Anne-Sophie décida donc de solliciter l’avis du gamin sur sa situation, comme s’il se fût agi d’un ami, adulte et très proche. Loin de lui procurer une solution immédiate, sa réponse la plongea dans un abîme de perplexité !
“Maîtresse, lui avait dit un jeune Arivertso presque sentencieux, que croyez-vous que ce monsieur, lequel préfère vous appeler par votre deuxième et très vieillot prénom : Hermeline… Que croyez-vous que cet officier, à la tête d’un groupe de féroces soldats commando… Que croyez-vous que ce gallois, plus âgé que vous, et de dix-sept ans, déjà !... Que croyez-vous qu’il en ait à faire d’un rejeton inattendu, sauf de vous et de vos seuls intérêts ?”
Silencieusement, sans attendre de réponse, le jeune malgache se tourna vers la sortie.

Anne-Sophie se mordit la lèvre en silence, tandis qu’Arivetso quittait sa tente.
“Mon dieu, songea-t-elle. Ce gamin n’en est plus un… Est-ce par ma faute ?”

***

pol21-pII_refugees

--Camp North, post-op unit T2 - March. 18th, 1998--
Le capitaine Michaël Barnhardt, pilote de la Royal Navy Air Service (RNAS), saisit son paquetage, le jeta sur son épaule encore valide et jeta un dernier coup d'œil aux deux rangées de la tente n°2, dédiée aux blessés en suivi post-opératoire léger. Ayant déjà salué les deux infirmières et la docteure de garde, en ce petit matin frisquet de la mi-mars, le jeune officier tourna les talons sans un bruit et se dirigea vers le poste administratif central de Camp Nord.

Depuis l’hiver 1996, date de son admission dans le service des soins aux soldats lourdement blessés en action, sa foisonnante moustache et ses blonds favoris avaient eu le loisir de repousser, jusque là où les brûlures de son visage le permettaient du moins. Leur entretien même, prit part à la rééducation de sa motricité fine, durant les dernières semaines de convalescence du jeune pilote.

Barnhardt savait pertinemment de quoi s’accompagnerait la remise de sa décharge hospitalière. Il était cependant curieux de se l’entendre signifier par la principale administratrice de cette partie du camp : Mme Grangier.
Parvenu devant la tente de la directrice française, l’officier britannique se signala au planton de garde qui lui céda le passage en le saluant.

Au centre de l’installation, dans un carré de tables et de casiers chargés, Anne-Sophie Grangier lui fit signe d’approcher en déclarant chaleureusement :
“- Capitaine Barnhardt ! C’est plaisir de vous voir aussi fringant, quand on sait par où vous en êtes passé.”
La Française s’exprimait dans un anglais parfait, gentiment teinté de son accent continental, ce qui ajoutait au charme naturel de cette femme à peine entrée dans l’âge mûr, mais dont la maturité se lisait dans tous les aspects de sa personne, aussi avenante et brillante que ferme.
“- Mettez-vous à l’aise, l’invita-t-elle en lui désignant une chaise pliante devant sa table.
“- Merci bien, Madame, lui répliqua l’officier, dans un français mâché comme une pomme de terre à l’eau.”
La directrice ouvrit alors le dossier médical du combattant. Plus d’un an auparavant, grâce à son habileté de pilote chevronné, il avait réchappé in extremis du crash de son SEPECAT qu'il parvint à mener jusqu'au tarmac de sa base sud-irakienne, malgré de graves dommages causés par un missile sol-air, lancé depuis une zone réputée neutre. Anne-Sophie entreprit de faire sommairement le résumé des principaux soins apportés au pilote, durant les mois qui suivirent et contribuèrent à son quasi rétablissement.
“- Quasi rétablissement, oui, madame**, souligna Barnhardt, sans manifester d’émotion particulière. Mais il m’est désormais impossible de rejoindre mon escadron, n’est-ce pas ?”

Anne-Sophie plongea ses yeux doux dans le regard figé en eaux troubles de l’officier anglais, au visage encore marqué par des brûlures qui lui vaudraient de longues séances de chirurgie réparatrice.
Il fallait maintenant en venir à l’essentiel…
Tandis qu’elle armait intérieurement son propos, Barnhardt la fixait en savourant le moment.
“Prends bien ton temps pour me ménager, ma belle**, se dit-il. Je prendrai tout le mien pour mettre à profit ce que je sais de ta relation avec le commandant.”

Quelques instants plus tard, Anne-Sophie remettait au capitaine Barnhardt l’appui formel du conseil des médecins du camp. Appui porté sur l’avis du commandant Tolhurst, lequel préconisait la démobilisation immédiate de l’aviateur, avec force primes de dédommagement et reconnaissances assurées.
“De ce que j’en sais, affirma l’administratrice en chef avec autant d’enthousiasme qu’il était décemment possible, vous allez bénéficier d’une pension conséquente et d’une bonne paire de médailles de haut rang, Flight lieutenant.”
L’aviateur ne semblant pas vouloir porter commentaire à cette annonce, Anne-Sophie poursuivit le traitement de son dossier.
“Vous a-t-on remis votre passeport renouvelé, demanda-t-elle ?”
L’officier opina du chef, puis, sans broncher, Barnhardt acheva de parapher et de signer les documents afférents.
“J’espère sincèrement que cela contribuera à compenser votre retour forcé à la vie civile, conclut Anne-Sophie avec une compassion non feinte, tout en raccompagnant vers la sortie le soldat, moins blessé physiquement que dans sa fierté, désormais.”
Dehors, ses papiers en poche, le capitaine Barnhardt se fit la promesse de ne pas en rester là. Il aurait sa revanche !

D’une part, l'œil aiguisé de l’aviateur, séducteur patenté, venait de remarquer le récent alourdissement de la poitrine et les traits replets de son interlocutrice. Or, quelques mois plus tôt, la directrice leur avait “rendu visite”, à lui et à ses compagnons d’infortune, encore hospitalisés dans la zone post-op T1. Alors masqué par tous ses pansements, le capitaine Barnhardt avait noté la taille fine et la poitrine modérée de la Belle Française**.
Par la suite, durant sa convalescence, l’officier de la Royal Navy Air Service, aiguillonné par certaines indiscrétions incidemment émises par tel ou tel cadre du camp, avait fini par découvrir la nature de la relation qu’entretenaient l’administratrice en chef et le commandant Tolhurst. Dès lors, leur manège discret lui apparut clairement pour ce qu’il était en réalité : un stratagème d’amoureux illégitimes.
D’autre part - et c’était là ce que Michaël Barnhardt savourait le plus, après tout, en cette dévastatrice heure matinale : ni l’un ni l’autre des deux amants n’avaient seulement idée des liens qui attachaient en particulier le pilote abattu au mari d’Anne-Sophie : le prussien Karl Baumann.
“A bâtard, bâtard et demi ! gloussa-t-il amèrement sous cape. Enfin…”

***

* en anglais, dans le texte.
**en français, dans le texte.

UK-RAF-FlightLieut-Capt

>la suite,<

___

[précédent]


Pour embrasser tout le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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Commentaires
J
Bravo à ta plume couragueuse dans cette aventure proposée en feuilletons, amitiés, JB
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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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