La caffetteria
Là, Muse les ignore, en sa verte superbe
Avant, Après, lui sont sentiments éphémères
Café bien noir au poing, en ronds miroirs oscille
aussi superbement savourant la flotille
des gens qui passent là - aussitôt, comme ailleurs...
à la Caffetteria, cette fraction de l'heure
A mieux les regarder, ils ramassent
au plus près de leur sein
le vespéral butin qui sied à populace
et leur fige un sourire
où le cœur n'y peut mais de lâcher un soupir
Folie serait d'y voir une désespérance
ici, le la donné fait écho à l'errance
où tendent à flotter tant d'humaines essences
que c'est une croisière
ce lieu d'enharmoniques notes singulières
Feria débonnaire ouverte au débotté
qui, le coude au comptoir et l'autre au guéridon
c'est tout le quotidien qui s'offre pour de bon
l'évidence
que s'y mettre, chacun, ranime la cadence
Et ça vient de partout nourrir la mélodie
l'accolade et l'odeur, la couleur et l'œillade
avec ce petit air au revers entendu
accueillant - c'est l'endroit, la nouvelle inconnue
dont l'écho est le prix; sans foin, sans dérobade
Telle va sonner l'heure, et cette autre plus tard
aura le même ton à l'oreille distraite
(sinueux entonnoir dont l'œil est la fenêtre)
entre-temps qui peut dire
où commence la foire et s'étend le mystère ?
Tant l'aube paraît loin de rhabiller la nuit
qu'il n'est donc pas question de déglinguer l'enseigne
avec l'insigne cloche et son fanal d'ennui
ni le triste motif que le foyer en saigne !
Eh ! C'est l'Heur-à-Tout-Vat...
Rengaine des labeurs, armoiries du négoce
allez perler au front d'autres orgues féroces !
Ici, le temps est mort pour le tempo de vivre
A mieux y regarder, tout est faste
au plaisir surhumain
et sans tain, et sans caste
de combler un soupir par le présent commun
où l'âme, à la portée, s'est faite, tout soudain
sourire
tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
inspiré d'un titre de Saito & Okay Hoe, La Cafetteria (sur Soundcloud).
Illustration : Marvik, Café De La Mer - 2017.