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2 janvier 2021

Episode 28 - Dédouanez-vous les uns, les autres

Vingt-huitième question : Qu'avez-vous à déclarer ?   
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--Caen, La Folie-Couvrechef, aux premiers temps du Sacrilège*--

Après le départ de Daryll, restées seules dans sa petite chambre de jeune fille, Zounia et Lise-Bette s’occupèrent dans un premier temps à libérer de l’espace. Les éditions papiers des divers brouillons et documents afférents à la rédaction du communiqué A.G.A.P.E furent détruits (incinérés dans le vide-ordure); la table-bureau fut repliée contre la cloison mitoyenne de la chambre de Maman-d’Zou, de sorte que l’extension du lit une place pût être développée et leur offrir une assise confortable.
Mais, passée cette brève agitation, le silence qui l’enveloppait devint perceptible. Avant qu’il ne se fît davantage encombrant, Lise-Bette prit la parole :
“Avant tout, Zee, je dois te dire que j’ai fini par le digérer, ton départ; acceptant le choix de ta carrière dans la police et renonçant à l’idée que nous puissions vivre alors une formidable aventure, sur le (p)ark comme ici, en surface.”
À peine Zounia esquissa-t-elle un semblant de geste, pour s’exprimer à son tour, que Z@boO, avec son autorité naturelle, lui intimait d’attendre qu’elle-même en eût fini avec ce propos introductif.
“... Et avant que l’on n’en vienne à évoquer la teneur sentimentale de notre relation passée, Zee, je tiens à te dire encore deux choses.”
Zounia, renfrognant son désir de dire à Liz’ combien celle-ci compta et comptait encore pour elle, se tint coite. Satisfaite de la voir ainsi disposée à l’écoute (et peut-être aussi, ravie de constater combien son ascendant sur la p’tite Zee fonctionnait toujours), Liz’ poursuivit :
“Reconnaître que j’ai souffert, c’est donner la mesure de la profondeur de mes sentiments, n’est-ce pas ?” Question de pure forme.
“Et puis, voilà, annonça Lise-Bette avec un rien de surenchère dans son aplomb, aujourd’hui, je partage ma vie avec Kay, mon amie privilégiée désormais. On l’appelle missYəh-k ou “la garçonne” sur le (p)ark. Éclairant, non ?” Pure forme, là encore.
Enfin, Liz’, ouvrant sa main gauche devant elle, indiqua qu’elle arrivait au terme de ce propos préliminaire et conclut :
“Si tu ne l’as pas oublié, dit-elle en plongeant son regard limpide dans les flots sombres des yeux de Zounia, ainsi que je l’ai maintes fois affirmé : quand j’aime une fois, c’est pour toujours, Zee. Je te garde ainsi toute mon affection, même si elle n’est plus tout à fait de même nature. Quoique… poursuivit Z@boO sur un ton plus badin et l’œil pétillant, quand je vois le joli brin de femme que tu es devenue…”
Z@boO, dans les grandes largeurs ! releva Zounia pour elle-même.
Déportant son humour vers un autre registre, Liz’ demanda alors :
“Et vous, major Ben Lemna, qu’avez-vous à déclarer ?”

Zounia produisit un véritable effort pour mobiliser ses ressources personnelles les plus intimes aux fins de ne pas ouvrir grand les vannes contenant tous les sentiments contradictoires que faisaient bouillonner ces premiers mots échangés entre elle et sa passion adolescente - depuis, fiou… !

Finalement, elles n’eurent pas trop du reste de la nuit pour combler de parole leur absence de relation, contrainte par la force des atavismes autant que par leurs fortes personnalités respectives. Elles se dirent l’essentiel comme l’accessoire. Ouvertement heureuses, l’une et l’autre, de renouer le fil.
Lise-Bette se montra particulièrement curieuse du parcours de Zounia dans les rangs de la police nationale. Même au présent seuil des années ‘30, une femme enquêtrice à son âge, c’est remarquable ! De son côté, Zounia s’attarda sur les évolutions qu’elle avait trop succintement constatées, en venant, et qui s’étaient produites sur l’environnement du (p)ark, depuis son “départ”. Elles échangèrent ainsi autour de l’évolution de leurs pensées, de leurs aspirations, parlèrent aussi d’amours et d’amitiés…
Si bien que les premières lueurs du jour les trouva, la nuque brune de l’une posée sur les cuisses de l’autre, dont le court casque de cheveux bleus encadrait le regard tombant sur la première.

Abordant le sujet du partenaire et mentor de Zounia, le lieutenant Robert Merle, Liz’ se fit à nouveau un peu inquisitrice et instigua :
“Mais, dis donc… Il serait pas un rien ‘total in love’, ton Môssieu Binôme ?”
Zounia gloussa en répondant :
“- T’es conne ! Pour dire le vrai, s’il avait eu… Ouais, si on n'avait pas une si grande différence d’âge, en fait, je pense qu’il aurait bien pu être tenté. Sauf que - le pauvre ! je le crois encore très affecté par son veuvage, en fait. Et puis, un jour qu’on entamait un débrief post-patrouille au bar…”
“- Ouais, que vous buviez un coup après le boulot, quoi ! ironisa Liz’.
“- Ouais nan, Z@b’... C’est pas que ça, en fait, contesta Zee. Bref, ce jour-là, il m’avait entraînée sur le terrain des confessions intimes et, sans que je m’en rende bien compte avant de plonger au cœur du sujet, je lui ai confié mon homosexualité.
“- La vache ! Il a réagi comment, questionna Z@boO ?
“- Ben, il a paru gêné, commença Zee, mais c’est surtout de ne s’être pas attendu à cet aveu, alors qu’il s’étonnait seulement de ce que, dixit (comme certain esprit macho, dans cette même pièce) : un joli brin de femme comme moi ! Il ne l’avait jamais vu avoir ‘...une attache durable avec quiconque en particulier’. De là que j’ai fini par lui confier mon orientation sexuelle véritable, et après lui avoir narré ce qui l’avait révélée, qui plus est…
“- Sans dec’ ! s’étonna vivement Liz’. Tu as vraiment dit tout ça à ce mec ?”
“- Sans dec’, confirma Zounia. Et ce n’était pas un mec, Z@b’... C’est mon seul ami.
“- Je vois, acquiesça lourdement Lise-Bette, avant d’ajouter avec plus de gravité encore, un regard au plafond : ce qui ne va faire que peser davantage sur ce qui va se passer, maintenant que la machine à broyer le Capital est lancée. Major Ben Lemna... ?”
Le profond silence que Zounia lui retourna en commentaire valait pour un accord tacite, aussi grave et profond que manifeste, l'assertion sans ambage de Lise-Bette.

À ce moment, les articulations boudinées de Maman-d’Zou donnèrent quelques coups à la porte de la chambrée.
“Oui, m’man ? l’invita Zounia.”
La tête mal coiffée de Hafida passa le chambranle et, jetant une œillade aux deux complices, déclara :
“Je vous ai entendu glousser, les filles. Et tôt, ce matin, puisque c’était à mon réveil ! Comme au bon vieux temps, hein ?”
Sans attendre aucun avis, Maman-d’Zou ajouta :
“Le petit-déjeuner vous attend, hein ? Allez vous débarbouiller, chouya, banati*. Vous ne vous êtes même pas changées. Tsss… La vérité sur moi ! dit-elle en refermant la porte sur son visage amène.”

 *"...(vous débarbouiller) un brin, mes filles."

pol21-f3_Z@boO_profile
>à suivre<

___

[précédent]


Pour embrasser tout le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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Commentaires
J
Toujours dedans lis-je et de façon unique, ce que j'aime... ne ressembler à personne.... bonne continuation Tiniak; bises
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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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(manifeste poLétique

Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

...le fleuve débitant sa musique immuable...

...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

...le balcon dégarni par un soudain hiver...

...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

...me déflorant, tu m'aimes...

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poLétiquement pris de fièvre inassouvie

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