double vue
J'allais, au pas tranquille de l'intranquilité
à mon front pessoen (sans amour et sans haine)
un chapeau italien (cent pour cent fait de laine)
confiant mon empreinte au fleuve coutumier
J'allais, à mon allure, en quête d'un chansonge
loin d'être vaporeux, dans l'acuité des sens
(à m'enivrer les yeux de subtiles fragrances
que j'en eus des frissons, jusqu'au fond de la gorge)
quand je fus le témoin d'une scène incongrue
Deux femmes devisaient, en légères tenues
entre elles, un gros chat gris dormait, me sembla-t-il
tel un tableau dédié à l'heur d'être inutile :
deux paisibles assises entourant l'animal
gagné par la torpeur du moment délicieux
Je m'arrêtai, pas loin, pour m'en gaver les yeux
le clapotis de l'onde et le chant des oiseaux
s'harmonisant au mieux au vent dans le feuillage
quoique je ne perçus rien de leur bavardage
il me paraissait doux, serein et voluptueux
Quelque chose altéra cette tendre attitude
debout, d'un même ensemble, elles se firent face
l'une pointait le chat d'un doigt plein de menace
l'autre baissait les bras, rongée de servitude
et saisit l'indolente animale fourrure
Morne chorégraphie, toutes deux s'avancèrent
vers l'onde frisottant
l'une ayant pris la queue et l'autre par la tête
ensemble balancèrent
pour le jeter dedans
(le fleuve n'en eut cure)
Un instant dévasté par la mésaventure
je demeurais figé quand elles m'aperçurent
celle que je tenais pour être plus mature
vint vers moi, vivement, aussi franche que sûre
Elle se tint si près que je sentis 'Caline'
(un parfum désuet de la maison Patou)
"Je comprends, cher monsieur, votre air pris de courroux;
sachez donc, simplement, qu'on l'appelait Ondine."
tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK