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2 janvier 2021

Episode 18 - Fausses routes ?

Dix-huitième question : "Vous en avez trouvé beaucoup ?" 
Voyez plutôt... et retrouvez les autres contributions à l'atelier FEUILLETON proposé par AnnickSB, PAR ICI !


Episode 18 - Fausses routes ?

-- Paris, locaux de la Deuxième Brigade Criminelle--
Le commissaire Henri Varlotta convia l’héritier des Grangier à prendre place dans l’un des deux fauteuils sans bras qui font face à son bureau, tandis qu’il s’installait dans le sien, où les formes qu’il y avait imprimées lui offrirent un parfait confort.
“- Monsieur Grangier, commença-t-il. Je vous remercie à nouveau d’avoir répondu favorablement à ma demande d’audition. Il est bien entendu qu’il ne s’agit pas d’un interrogatoire, nous sommes ici dans mon bureau. Vous comprenez ?”
Sophronyme Grangier acquiesça sans mot dire. Il en fut secrètement navré, car il sut aussitôt avoir fait montre d’une certaine tension, par ce simple geste. Tension que son interlocuteur chevronné n’aura pas manqué de percevoir.
“- Mettez-vous donc à l’aise, lui confirma le commissaire. J’ai besoin de vous entendre à nouveau, au sujet du meurtre de Sir William Tolhurst, pour établir avec autant de précision que faire se peut, le déroulement des faits, ce soir-là.
“- Je vous en prie, commissaire, répliqua le jeune entrepreneur. Je suis tout disposé à répondre à vos interrogations.
“- Qui sont nombreuses… Qui sont nombreuses, dans cette affaire, je ne vous le cache pas, exposa Varlotta. Car, voyez-vous, nous avons entrepris de recueillir les témoignages des membres de votre personnel..."
Sophronyme l'interrompit soudain :
"- Et vous en avez trouvé beaucoup jusqu' ici ? demanda-t-il.
"- Un certain nombre, en effet. Suffisant pour soulever bon nombre d'interrogations quant au déroulement précis de la soirée, reconnut Varlotta avec quelque accent d'irritation dans la voix. Pour commencer, si je comprends bien, vous vous apprêtiez à recevoir quelqu’un, mais pas le vieux lord gallois; je me trompe ?”

Sophronyme parvint à recouvrer un semblant de calme avant de déclarer :
“- En effet, commissaire. Il se trouve qu’une affaire interne à mon entreprise avait motivé cette réception. Mais, pour des raisons qu’il serait un peu long de développer ici, maintenant, je n’étais pas certain que quelqu’un serait au rendez-vous.
“- Expliquez-moi tout de même un peu, M. Grangier, l’enjoignit le commissaire. Vous auriez donc lancé une sorte d’invitation à l’aveugle, dites-vous ?”
La vivacité d’esprit du policier alerta un peu Sophro’. Sans toutefois le déstabiliser.
“- Vous devinez juste, monsieur, approuva-t-il. Pour vous dire les choses simplement, je soupçonne certaines personnes du Directoire de n’être pas… Pas fair-play/fair-play, je dirais. Voyez-vous, depuis que je suis pleinement aux commandes de notre groupe, certains de mes choix politiques - de politique économique, vous m’aurez compris... Eh bien, oui, certaines des orientations majeures que j’ai décidé de mettre en œuvre n’ont pas été du goût de… Disons, de la part la plus conservatrice de l’entreprise. J’ai découvert qu’un travail de sape était en cours, pouvant porter un sérieux préjudice à nos activités.”

Emporté par son exposé, Sophro’ plaça ses coudes sur ses genoux, inclinant sensiblement le buste vers l’avant, les mains jointes, pointant vers les dossiers étalés sur le bureau du chef Varlotta.
“- Ayant identifié un panel de cibles plus que probables, je les ai incluses dans un publipost à l’adresse des membres du Directoire, dans lequel je conviais toute personne souhaitant m’expliquer ses réticences à venir le faire ce soir-là, chez moi, car le lendemain je procéderai à la mise au vote de mes nouvelles orientations. Vote que je savais acquis d’avance. Que tout un chacun savait acquis d’avance.
“- Mais personne d’autre que Sir William ne s’est rendu chez vous, ce soir-là, n’est-ce pas ? Et vous ne vous attendiez pas à sa venue. N’est-ce pas, M. Grangier ? questionna Varlotta.
“- Eh bien, non. Deux fois, non, en effet, en convint Sophro’. Ce qui fait qu’au casse-tête de mon problème interne s’ajoute le mystère de la mort de Sir William, aussi subite que brutale… Et, depuis ce matin, un tel chambardement s'est opéré sur les places boursières que j’en suis tout particulièrement préoccupé.
“- Evidemment… Bien évidemment… marmonna le chef Varlotta qui mûrissait déjà une autre question. Mais dites-moi, M. Grangier, pourquoi avoir donné congé à la quasi totalité de votre personnel, dans la journée, de prime abord, puis, soudain, avant même que vous ne découvriez Sir William agonisant au deuxième étage, vous avez également démis votre personnel de cuisine des obligations que vous lui aviez pourtant signifiées, pour la soirée ?”
La question redoutée ! On y était… 
“Le chien, putain ! Le chien… Ne parlons pas du chien !” s’exortait Sophronyme, au bord de l’implosion.
“- Je vous écoute, M. Grangier, insista Varlotta.

Et Sophronyme lui déballa l’explication qu’ils avaient conçue, Art’so et lui, au préalable.
“- Juste pour ça ? s’étonna Varlotta, dubitatif. Juste pour avoir le champ libre, maintenant que vous aviez un hôte inattendu. C’est curieux… Curieux, tout de même… Enfin ! Si vous le dites… Je le note.”
Puis le commissaire interrogea Sophro’ sur des considérations plus circonstancielles, relatives au déroulé de la soirée en question.
Paraissant satisfait des réponses que lui fournit le jeune homme, Varlotta l’invita à quitter son bureau et, l’accompagnant à la porte, fit signe au majordome malgache pour qu’il prenne place à son tour dans le filet qu’il avait tendu.

"Voyons si, lui, mentionnera l'incident du chien. Ou celui de la petite femme de chambre retrouvée 'suicidée', peu avant" songeait Varlotta qui jubilait intérieurement en installant Art'so devant son bureau.
"Les affaires reprennent !" s'exclama le vieux renard en son for intérieur.

--Quelque part ailleurs, dans Paris--
“- Euh… Monsieur ?... Monsieur ? insista le cyber-agent à l’adresse de son chef en train de consulter un des tableaux récapitulatif de la traque en cours.”

Sans se retourner, son chef leva une main, façon d’intimer l’ordre de le laisser se concentrer sur ce qui le préoccupait à l’instant.
“- Je me permets d’insister, monsieur. C’est que nous avons un sérieux problème, à présent, monsieur, persista l’agent, pris d’un trouble manifeste, ce qui ne cadrait pas avec son apathie notoire.”
Toujours face au tableau, le cadre supérieur de la brigade AD (Against Dark) sut immédiatement de quoi il s’agissait. Du sujet principal de leur traque : le major Ben Lemna, enquêtrice de la Crim’ et cyber-agent plus que renommée, à ce titre… et à d’autres !
“- Ne me dites pas que nous l’avons perdue, agent Soulage. Ou alors c’est que vous devriez changer de patronyme avant d’ouvrir à nouveau la bouche devant moi, dit le commandant Borel, contenant sa rage en même temps qu’il dévisageait son subordonné.” 
Catastrophé, le type ! Les bras en croix, ouverts de part et d’autre du clavier de son micro-ordinateur, dans un geste d’impuissance totale. L’impuissance où il se trouvait de savoir s’il devait parler tout de même. Et surtout, l’impuissance à faire autre chose que constater les dégâts.

--Autre part, à Londres--
" Ah, le petit con ! Ah, le sale petit con, éructait un homme aux tempes grisonnantes dans son costume fait sur mesure pour son corps flasque et rabougri. Il aura balancé sa bombe avant même que l'on procède au vote. L'enfoiré. Le Real-Val ! Le Real-Val, putain !... L'enfoiré ! J' t'en foutrai du libéralisme, moi... Connard de Grangier ! ...Fait chier !!".

--Tout à fait à part, dans le darknet--
La Ville-Lumière, conçue et alimentée par un nombre incalculable de (p)arknautes, avait formidablement évolué depuis le dernier séjour de Zounia Ben Lemna. Redevenue (p)arkZee, elle ne s’était pas risquée à s’équiper autrement qu’avec ses accessoires favoris. Quand elle les retrouverait, ce qui ne devait plus tarder, Las (p)arkas la conseilleraient et lui fourniraient d’autres outils adéquats. Au besoin.

Elle entra sa main gantée dans une borne et le plan de la cité s’installa dans la 'visio' de ses lunettes. Elle savait où aller à présent. Nul doute qu’elle y retrouverait l’un ou l’autre des membres de Las (p)arkas, mais elle escomptait avant tout revoir Dee, au plus vite.
Zee frotta le ventre de son stat-skate, déclenchant le champ magnétique de sa courte mais large planche.
Elle prit un plaisir fou à surfer parmi les éléments, pour la plupart nouveaux pour elle, de l’extraordinaire environnement numérique.
Elle balada son stat-skate depuis la chaussée jusque sur le toit des véhicules, en stationnement ou non. Elle sillonna sur les larges trottoirs d'une avenue illuminée de rose, d'orange et de vert pomme. "Dégueu" songea-t-elle.
Mais elle prit un total kiff à surfer à la perpendiculaire, contre les façades, en slalomant pour en éviter les vitrines et les fenêtres. Sans quoi, elles n'auraient pas résisté à la force magnétique de sa planche qui virait de bleu à jaune, selon la vitesse de ses déplacements.
"- Wohoooo !" hurla-t-elle à maintes reprises en se rapprochant du local du groupe dissident de Dee : Las (p)arkas.

pol21-f4_ZOUNIA_CyberpunkPost-Apocalyptic Urban Landscapes-Justin Leduc

***

>la suite<
___

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Pour embrasser le fil du feuilleton.


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


pin_tiniak-draw1

Il s'agit là d'une nouvelle et fort émoustillante stimulation à produire du récit que nous propose AnnickSB, sur son Atelier en question(S)...

J'y réponds volontiers, car l'exercice, consiste à réaliser un feuilleton au fur et à mesure de questions (im)posées, prévalant, l'une après l'autre, à chacun des chapitres; cela me pousse à sortir de ma "zone de confort" (mes poLèmes) pour explorer davantage ma "prose à hics".
Je prends un plaisir fou à écrire ce feuilleton.
J'espère qu'il rencontrera votre plaisir de lire.

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Commentaires
T
Merci, chère Adrienne, de demeurer toutefois fidèle à ce feuilleton.<br /> <br /> J'en conviens, à ce stade de l'intrigue, le récit se distribue sur quatre principaux théâtres d'opération + le mystérieux bureau londonien. Il en sera ainsi jusqu'au prochain épisode (le 20ème).<br /> <br /> Par la suite, malgré l'arrivée de deux nouvelles figures (Agathange et Nour, femmes de chambre à l'hôtel Grangier), les épisodes se concentreront sur un personnage en particulier; précisément pour approfondir le caractère de chacun d'eux.<br /> <br /> Quant à Agathange, elle me permet d'entrer dans les coulisses de l'hôtel Grangier.<br /> <br /> J'avais déjà publié son arrivée pour les besoins d'un autre atelier d'écriture, en mars...<br /> <br /> <br /> <br /> http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/03/04/38847943.html<br /> <br /> <br /> <br /> Vala, vala...<br /> <br /> Encore merci de me manifester ton intérêt, amie chère.<br /> <br /> Bonne fin de week-end.
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A
tu as toute ma sympathie pour ton prodigieux feuilleton, mais comme je l'ai dit il y a quelques épisodes déjà (et plusieurs fois, il me semble ;-)) c'est un roman que je devrais pouvoir lire d'une traite, il y a trop de personnages et trop de fils emmêlés pour que ça supporte le compte-gouttes épisodique (enfin, je parle pour moi, n'est-ce pas)
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  • Ma poLésie est une aporie animale et smirituelle que je vous offre de caresser, à l'impromptu. D'accord, j'ai la paronomase au bord de l'asyndète, mais je me soigne aux vers ! TANT QUE DURERA LA GUERRE !! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
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(manifeste poLétique

Poésie ! Poésie ! Tout naît en poLésie !

...le fleuve débitant sa musique immuable...

...le goûter qui mûrit au fond de mon cartable...

...le livre qui m'oublie et peuple mon chevet...

...la raison vacillant au détour d'un sonnet…

 

poLésie, mon pays, où n'est que poésie !

...la rue qui va son train vers l'Autre, à son endroit...

...la pierre de Caen nue, orangée par le soir...

...le balcon dégarni par un soudain hiver...

...au front de la mairie le trident délétère...

 

Poésie sans parti que d'être bonne amie

...me déflorant, tu m'aimes...

...et t'effeuillant, je sème...

...rien n'est plus indicible…

 

poLétiquement pris de fièvre inassouvie

...je te crie sur mon bras...

...tu t'écris sous mon pas...

...nous sommes l'Un Possible...

 

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