delirium
Des vents hurlent, marins, au rivage engourdi
où viennent s’étaler des rouleaux en repli
atlante, un chœur mourant sous un ciel oublié
Elle viendra plus tard, la ronde au blanc visage
après s’être rasé - à son seul avantage...
le front et le menton pour paraître latine*
Le pas lent sur le quai, coiffée catherinette
et pourtant soutenant un grave port de tête
elle marche au-devant d’un veuvage annoncé
Il sombre un dernier soir à l’horizon plus courbe
et les garçons, déjà, y vont d’un rire fourbe
en de brefs rigodons s’inventant des comptines
Rien ne trouble l’instant auquel se voue son âme
ni la horde immature, abêtie et sans charme
ni la vague à ses pieds mourant dans un soupir
Il lui vient le besoin de crier - tout son soûl !
parmi les chants mutins modulant leurs courroux
sur les champs rabotés des portes océanes
Un promis lui est dû depuis qu’elle eut seize ans
qui pêche encore au large auprès du cabestan
plus jeune qu’elle, oui ! mais fort d’un plein désir
Mais voici le matin, avec sa gangue orange
elle délie ses mains dont les joints la démangent
et vomira plus loin sa rage de profane
tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration : Nu sur la plage de Portici (1874), Marià Fortuny.
* Der Mond vs la lune...