Quant au lever de l'aube...
Je suis arrivé là, à peu près juste à l'aube...
Je veux dire à la sienne, avec les mains devant
ceintrée de corde brune et la croix sous le sein
la nuque dans un voile et le souffle incertain
moi, à son côté droit, je n'étais pas si blanc
L'ordonnance, orchestrée par le prêtre imbécile
m'avait placé ici, à sa droite, pas fier
car mon cheveu crépu et mon teint d'Outre-Mer
juraient trop dans le chœur de ses garçons serviles
Je n'étais plus qu'espoir - et, non ! sans espérance...
Elle était là, tout près, au point de la sentir
trembler, prise d'un trouble et rien pour en sortir
Alors ! j'ai voulu croire... à quelque connivence
La cérémonie morte et le sermon fini
j'ai soufflé son prénom, l'âme entière, en pagaille
et regardant le sol; ce fut un feu de paille !
Elle a rejoint les siens, nombreux sur le parvis
Depuis, je vais les champs, caresser l'aubépine
à m'en navrer la paume et ne sachant plus rien
qu'il peut survivre ailleurs, le partage du pain
pas là où je devais rengorger mes racines
Alors, je traîne ici, voyant se lever l'aube...
tiniak ©2020 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
(première publication le 16-12-2020)
Illustration d'en-tête : La communiante, Jules Bastien LEPAGE
Illustration bas de page : Communiante, Henri LE SIDANER